vendredi 5 décembre 2008

GAUCHER, Dominique

Né à St-Hyaçinthe en 1965, le maskoutain Dominique Gaucher vit et travaille à Montréal. Il détient une maîtrise en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal. Peindre sans faute à la manière réaliste traditionnelle de grands décors scéniques pour les films à grand budget hollywoodiens, qu'il soient paysages, portraits de famille ou intérieurs historiques, il le fait en sous-traitance. Sa peinture personnelle de facture réaliste est beaucoup plus théâtrale. Il part du principe qu'il n'y a pas de paysage qui ne soit construit. Dès lors qu'un observateur s'installe, le site est altéré. Un exemple extrême de ce fait est la forêt royale de Sherwood à Nottinghamshire en Angleterre popularisée par l'archétype médiéval de Robin Hood: on y compte spécifiquement 997 chênes. Dans son atelier, se croisent des réalités différentes: la réalité du tableau lui-même et de sa surface peinte, les évènements extérieurs, les références culturelles de l’observateur et son propre univers. Il intègre ses constructions de manière hyperréaliste plutôt que surréaliste... non pas sans un certain humour, une certaine moquerie: le site d'un aquarium envahit d'eau, un grimpeur en attirail d'escalade montant la devanture de la façade lisse du Musée Guggenheim à Bilbao en Espagne, oeuvre de l'architecte Frank Gehry. Il juxtapose une image de la nature à un milieu construit pour jouer avec la réalité et le concept de la vérité, et fait réfléchir... ou sourire. On lui dénombre plusieurs expositions personnelles dont Hand Made - Galerie de Bellefeuille (Montréal) et On the surface of things - Douglas Udell Galerie (Vancouver) ainsi qu’une trentaine d’expositions collectives à travers le Canada.

L'année de mon séjour à Miami, mes parents nous ont amenés, ma soeur et moi, au Seaquarium. Nous sommes arrivés juste au moment du dîner au bassin des requins. Ils ont pris quelques minutes à faire des noeuds autour de gros quartiers de viandes. Puis théatralement, ils ont descendu le paquet à l'eau. Dès que ce dernier a touché l'eau, un bouillonnement, des coups de queue vigoureux, des ailerons froissés... et presque aussitôt la corde est remontée, libérée. La foule exprimait des Oh!, des Ah! de surprise, mais mon coeur s'était glacé. Quelques semaines auparavant, dans la mer cette fois, un requin avait cerclé mon pneumatique au grand dam de ma mère qui, en choc sur la plage, gesticulait et littéralement perdait les pédales, alors que j'avais gardé un calme olympien le temps que le mammifère s'éloigne... Mais devant ce festin spontané... la profondeur du premier choc trouva écho et s'étala au grand jour...

Ici, les humains sont dans un espace muséal emménagé alors que le requin ou le dauphin n'a pas d'espace pour se retourner... mais l'eau veille, par la simple crû des eaux, il pourra bientôt se libérer... d'où la remontée, pour moi, de ce souvenir de terreur...

Aucun commentaire: